Pratiques agricoles connues
Techniques culturales sans labour
Malgré certains avantages, le labour enfouit les résidus de culture et favorise ainsi la minéralisation. Le sol en surface d'une terre labourée est appauvri en matière organique, et donc très sensible à la battance.
La vie du sol, en particulier l'activité des vers de terre, est également considérablement réduite par l'action du labour, or elle joue un rôle crucial dans le maintien d'une bonne porosité du sol.
Par ailleurs, les terres cultivées en non-labour seraient également des puits de carbone.
Les techniques culturales sans labour englobent en réalité une large gamme de pratiques, du travail réduit au semis direct, en fonction du type d'outil utilisé. L'abandon de la charrue soulève toutefois d'autres défis ; contrôle des adventices et des couverts d'interculture, travail du sol et matériel adéquat pour constituer un bon lit de semence. La gestion des différentes opérations nécessite une attention particulière tout au long de l'itinéraire cultural.
Comparaison entre l'état de surface d'un sol non labouré mais décompacté (gauche) et d'un sol labouré (droite), en culture de betteraves.
Source : Vandergeten et Roisin, 2004, Techniques culturales sans labour en culture de betterave sucrière, Les guides techniques de l'IRBAB
Témoignage d'agriculteurs - Dominique Dumont
Source : Régénacterre et GAL Culturalité Hesbaye brabançonne
Témoignage d'agriculteurs - Nicolas Braibant
Source : Régénacterre et GAL Culturalité Hesbaye brabançonne
Test de stabilité structurale ("SlakeTest") entre un sol labouré (à gauche) et non labouré (à droite). Le sol labouré se délite beaucoup plus rapidement sous l'action de l'eau.
Source : Greenotec
Surface d'un sol après strip-till
Source : T. Clement (UCLouvain)
Passage du strip-tiller
Source : T. Clement (UCLouvain)
Strip-till
Le strip-till est une technique de travail du sol sans labour qui consiste à travailler uniquement la ligne de semis par passage d’une dent, sans toucher à l'inter-rang.
Ainsi, la terre dans la ligne de semis du maïs est travaillée de manière à permettre une bonne émergence et implantation du maïs. Tandis que la surface dans l’inter-rang, non travaillée (non affinée, très peu perturbée) et en partie couverte par des résidus végétaux, est moins susceptible de s'éroder.
Le revers de cette technique de travail du sol, outre la nécessité de disposer de l'outil adapté ("strip-tiller"), est la formation dans certaines conditions de rigoles dans le rang de maïs, concentrant le ruissellement.
Strip-tiller, composé de chasses-débris, disques (découpe des résidus), dent de décompaction, rouleau de rappui
Source : G. Manssens (CIPF)
Cloisonnement des interbuttes en pommes de terre
En culture de pommes de terre, la présence des buttes concentre l'eau vers les interbuttes. La formation de "diguettes" dans celles-ci peut permettre de stocker momentanément l'eau de pluie dans les dépressions formées, et ainsi favoriser son infiltration, retarder et ralentir le ruissellement.
Différents outils ont été développés par les constructeurs, et permettent de combiner la formation de ces diguettes au buttage et/ou à la plantation : "Dyker" de Grimme, "Barbutte" de Cottard, "cloisonneuses" de Netagco-Rumpstad ou Agri Maas,...
Comparaison entre des interbuttes classiques (gauche) et des interbuttes "cloisonnées" (droite), en fin de saison.
Source (CC-BY 4.0) : Olivier et al., 2014, Use of micro-dams in potato furrows to reduce erosion and runoff and minimise surface water contamination through pesticides, Communications in Agricultural and Applied Biological Sciences 79(3), UGent
À gauche, l'équipement de cloisonnement du constructeur français Cottard, la "Barbutte". À droite, les diguettes fraîchement formées dans les interbuttes.
Source (CC-BY 4.0) : Sittig et al., 2020, Consideration of risk management practices in regulatory risk assessments: evaluation of field trials with micro-dams to reduce pesticide transport via surface runoff and soil erosion, Environmental Sciences Europe 32(1), Springer
Témoignage d'agriculteurs - Jean-François Simon
Source : Régénacterre et GAL Culturalité Hesbaye brabançonne
Témoignage d'agriculteurs - Nicolas Braibant
Source : Régénacterre et GAL Culturalité Hesbaye brabançonne
Couverts d'interculture
Les couverts d'interculture semés en fin de saison, aussi appelés engrais verts ou CIPAN, sont souvent obligatoires et donc très répandus sur le territoire agricole wallon.
En plus de leur rôle essentiel d'absorption de l'azote résiduel, ces couverts ont également démontré une fonction importante de protection du sol et d'amélioration de sa structure.
Ces effets s'observent en place durant l'hiver, mais également même après leur destruction lors de la saison suivante.
Comparaison entre un sol nu à gauche (noter les symptômes d'érosion dans les traces de roue) et une interculture de seigle (à droite), sur un précédent maïs en fin d'hiver
Source : E. Laloy et Charles Bielders (UCLouvain), 2010, Gestion des cultures de couverture hivernales en maïs pour la lutte contre le ruissellement et l'érosion